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28/05/25

La fusion de 3 établissements

À Lille, trois établissements catholiques fusionnent pour faire face à la baisse démographique.

Trois établissements privés du centre de Lille s’apprêtent à fusionner pour former à la rentrée 2025 l’Ensemble scolaire européen Notre-Dame. Regroupant près de 2 000 élèves, de la maternelle au bac+3, ce nouvel ensemble, sous contrat avec l’État, entend proposer un projet éducatif “renforcé, attractif et original”, dans un contexte de baisse démographique généralisée. “Ce n’est pas un projet de secours, mais un projet dynamisant pour aller vers demain”, affirment les chefs d’établissement, lors d’une rencontre avec AEF info fin mai 2025. Objectif : stabiliser l’effectif à l’horizon 2033.

De gauche à droite : Luc Joly, Nicolas Devulder, Véronique Esculier, Anthony Darthoit, les quatre chefs d’établissement du nouvel ensemble scolaire européen Notre Dame à Lille. AEFinfo – Sylvain Marcelli

À Lille, l’ensemble scolaire Notre-Dame de la Paix (école, collège, lycée, CPGE), l’institution Sainte-Claire (collège et lycée) et le lycée professionnel et technologique Notre-Dame d’Annay vont unir leurs forces à partir de septembre. “Il existait une forte complémentarité entre nos établissements, qui sont aussi situés dans une aire géographique restreinte. Voilà deux bonnes raisons de nous regrouper”, explique Luc Joly, directeur de l’école Notre-Dame de la Paix. “Nous étions assez peu en concurrence, assure Anthony Darthoit, directeur de Sainte-Claire, car nos élèves ne venaient pas des mêmes écoles et des mêmes collèges.”

À la rentrée 2025, l’établissement s’organisera autour de quatre sites : une école Place aux Bleuets, un collège rue des Augustins et un lycée polyvalent implanté de part et d’autre de la place du Concert. Chaque site devrait accueillir entre 500 et 600 élèves. “Les sites seront bien différenciés et permettront aux enfants de changer d’environnement, en passant de l’école au collège puis au lycée”, souligne Véronique Esculier, directrice du collège et lycée Notre-Dame de la Paix. La fusion des trois organismes de gestion actuels est prévue le 24 juin.

Une étude économique préalable

La décision de fusionner a été prise en décembre 2024, dans le cadre d’une réflexion prospective portée par la tutelle diocésaine. Les établissements Notre-Dame de la Paix et Notre-Dame d’Annay, voisins, collaboraient déjà depuis plus de deux ans. Un rapprochement a été amorcé avec l’institution Sainte-Claire. Une étude économique, confiée à un cabinet d’experts-comptables, a confirmé la viabilité économique du projet, à condition de maîtriser les dépenses et de porter les effectifs autour de 2000 à 2 200 élèves – un vrai défi dans un contexte de baisse démographique global.

Le projet pédagogique a été bâti après une large consultation auprès de familles participant ou non à l’enseignement catholique. “De nos jours, on ne peut plus compter sur des traditions familiales qui voyaient des générations d’enfants se succéder dans l’enseignement catholique”, relève Anthony Darthoit. “Désormais, les familles regardent le projet éducatif à la loupe avant d’inscrire leurs enfants”, ajoute-t-il.

Les attentes des familles

La consultation a permis d’identifier les priorités des familles : valoriser le temps périscolaire comme un temps éducatif, garantir le bien-être des élèves et intégrer les enjeux écologiques, en privilégiant les mobilités douces. “Les parents ont apparu une attente très forte par rapport à l’orientation. Ils souhaitent être accompagnés, qu’on soit à leur côté, à leur écoute”, déclare Nicolas Devulder, directeur du lycée Notre-Dame d’Annay.

Les équipes éducatives, également consultées, ont mis en avant leur volonté de “prendre soin de l’autre”, élèves comme adultes. Une orientation traduite par la création d’un “pôle bien-être” regroupant la vie scolaire, la pastorale et la santé (avec l’infirmière scolaire). Le projet éducatif a aussi été construit avec les représentantes des congrégations fondatrices (Filles de l’Enfant Jésus, Filles de la Sagesse, Sœurs de l’Éducation chrétienne) et en lien avec la direction diocésaine et la tutelle salésienne puisque, depuis décembre 2018, le lycée Notre-Dame d’Annay s’inscrit dans les pas de Don Bosco.

des Classes colorées

“Le projet éducatif que nous avons écrit vise au déploiement de la personne”, explique Anthony Darthoit. “En partant de soi, en connaissant ses points forts et ses points faibles, il est possible d’aller vers les autres, puis d’explorer son environnement et le monde alentour”, résume Luc Joly. Cette volonté d’ouverture se traduit par la forte identité européenne du nouvel ensemble, engagé dans un consortium Erasmus+ : des classes européennes sont proposées en anglais et en espagnol du collège au lycée, ainsi qu’une option Italien et un parcours bilangue espagnol en sixième.

“Pour réaliser cette fusion, nous n’avons pas pris le plus petit dénominateur commun, mais nous nous sommes enrichis les uns des autres”, avance Luc Joly. Parmi les initiatives partagées, les “classes colorées”, déployées jusqu’ici en seconde, seront étendues à la sixième. Ces classes thématiques permettent de mener des projets transversaux tout au long de l’année : résolution d’énigmes policières (avec enquête à l’étranger), création d’un escape game, mini-entreprise, exploration du patrimoine, médias et journalisme. Un projet autour de la mer permettra aussi aux volontaires de passer un diplôme de plongée. En sixième, les thématiques porteront sur Harry Potter, Tom Sawyer ou encore l’univers du manga.

un Labo maths et une classe Défense

L’accent est mis sur la continuité pédagogique. Un “labo maths” a été créé il y a deux ans, de l’école jusqu’au post-bac. Une classe aménagée en arts plastiques existe aussi au collège, ce qui assure le lien avec la spécialité et l’option arts plastiques proposée par le lycée. Enfin, une “classe Défense” devrait voir le jour en troisième en septembre, en partenariat avec une formation musicale de l’infanterie. Objectif, transmettre les valeurs citoyennes, préparer à l’orientation, et renforcer le lien entre l’armée et la nation.

En revanche, il n’est pas prévu de généraliser au collège et au lycée l’uniforme porté par les élèves en primaire depuis une vingtaine d’années. “Porter une blouse permet d’éviter de tacher ses vêtements et de rendre moins visibles les différences de vêtements entre les enfants”, estime Luc Joly, directeur de l’école Notre-Dame de la Paix. “Les élèves mettent leur costume d’élève en arrivant à l’école. Cela participe aussi à un esprit de corps.”

Un article d’ aef info